Frantz Zisseler (né en 1962) vit et travaille au Havre. Diplômé de l’École d’Arts Graphiques de Paris en1981, de l’École des Beaux-Arts du Havre en 1988.Expositions2004 : « Corps figurés » œuvres de la collectiondu FRAC Haute-Normandie, Bernay2003 : « Still Virgin », Nantes2002 : « Les soucoupes volantes viennent d’unautre Monde », AA (Ateliers Associés), Le Havre,exposition personnelle2002 : SPOT, Centre d’Art Contemporain,Le Havre, *2002 Van Stof tot asse, Asse, Belgique2001 : Les Jardins temporaires, Le Havre2001 : Galerie du Triangle, Bordeaux2000 : Les Jardins temporaires, Le Havre1998 : La Consigne, Le Havre1994 : Maelstrom II, Le Havre1994 : Hôtel Salé, Nantes1993 : « La Beauté du Diable », Le Métis, Le Havre1992 : Maelstrom s’expose, Le Havre1991 : *Galerie « E », Greenwich, Londres, Angleterre1991 : Galerie « E », Greenwich, Londres, Angleterre1989 : Hôtel de Ville du Havre1988 : « Mamy Blüe », Le Havre1987 : « La Collection », Montivilliers.* Exposition personnelle.Il y a un drôle de mélange chez FrantzZisseler : une force rieuse côtoied’obscures dérives. Voilà ce qui m’a toutde suite frappée chez lui quand je l’airencontré dans son atelier situé – commetant d’autres au Havre – dans l’ancienbâtiment CGM du port. Immédiatementle ton était donné : j’avais eu à la DRACdes renseignements qui me laissaientcroire que j’allais rencontrer deux artistestravaillant ensemble, puisqu’on m’avait communiqué deux prénoms. Une fois dans l’atelier, et ne voyant que Frantz,je lui demande si son ami nous rejoindrabientôt. Zisseler me répond sans sourcillerqu’il ne viendra pas. Je m’étonne.J’insiste. Alors il me dit avec le plus grandsérieux : « Il est mort, je l’ai tué. Aucunechance pour que vous le rencontriez ».Une étrange discussion commence alors,sur le ton de la plaisanterie bien sûr, pincesans rire, avec un soupçon de morbidité.Finalement Zisseler m’expliquequ’il a simplement changé de prénomet qu’il n’avait pas entendu celui-là depuislongtemps. Tout simplement.Dans son atelier règne un certain éclectisme,comme si ses œuvres avaient été réaliséespar différents artistes. Des meubleshybrides, entre le design bricolé etla sculpture, des tableaux, des objets misen scènes ou isolés.
Kitsch, burlesques,ironiques, mordantes, morbides, les œuvresde Frantz Zisseler sont nombreuses,mais unies dans un va et vient que l’artistequalifie « d’esthétique similischizophrénique ».Au mur, une toile représente un jeunecommuniant, adoptant la pose deces enfants photographiés dans les annéescinquante, en robe blanche, un chapeletentre les deux mains jointes, l’airfaussement concerné. C’est ce qu’on voitd’abord. Mais de près, tout se brouille,à cause de fines projections de peinture,uniformément réparties. C’est à l’aided’une brosse à dents que Zisselera méticuleusement aspergé l’enfantde peinture… À côté, posé dans un coin,un balai en bois au bout duquelde minuscules cheveux blonds remplacentdiscrètement la brosse de l’outil.Ou encore, des personnages, en formed’excréments, sculptés. L’artiste en parlepresque avec tendresse, parce qu’ilsrendent hommage à un personnage de B.D.des années soixante-dix. Le héros, « merdeman », tue par amour, pour se fondredans ses victimes et ne faire plusqu’un avec eux. Ces drôles de sculpturessont posées sur une étagère démesurée,encombrante, un socle absurde quis’accorde pourtant parfaitement au décalageménagé par l’objet.Il y a, d’autre part, des objets plus sombres :une maquette de maison incendiée,une installation en cours, composée, pourle moment, d’une structure métallique encroix sur laquelle trône un crâne humain.Les œuvres de Zisseler vacillent entre lafarce, la provocation acerbe, et des tendancesplus noires. Lui-même passant d’un étatà l’autre avec un naturel déconcertant.