10 novembre 2006 – Sopra Group à bon port
Il est des émotions silencieuses, moins visibles que d’autres mais tout aussi belles et savoureuses. Celle d’Antoine Koch à son arrivée faisait partie de celles-là. D’une certaine manière, cela lui ressemble bien.
Discret et respectueux, tenace et secret, Antoine n’aura rien lâché tout au long de cette transat. Ni sur ses objectifs d’amener Sopra Group au terme de la course, ni sur les difficultés, les efforts et la rage qu’il aura fallu déployer pour arriver au bout dans des conditions devenues difficiles à plein d’égards.
A chaque jour son lot de joies et de peines : cette nuit, l’épreuve aura été celle de la patience… Une nuit entière passée autour de la Guadeloupe, tout près, sans un souffle d’air, à entendre comme dans un rêve la musique d’une fête organisée pour Claude Tellier, son adversaire chanceux et talentueux. Une nuit à revivre chaque instant d’une course devenue très vite folle, à comprendre, analyser, décortiquer, traquer les bons choix comme les erreurs, faire la somme de cette aventure rare et exceptionnelle que représente une route du rhum sur un tel engin.
Une place de neuvième au classement sur douze bateaux au départ et, à l’arrivée ni regret ni amertume, juste la satisfaction d’avoir été digne du début à la fin, de s’être battu sans relâche, et le respect des autres marins qui savent bien ce qu’il en est. Un soupçon de frustration tout au plus, pour le compétiteur, concèdera Antoine…
A 13h 01mn 41sec (TU) Antoine Koch a franchi la ligne à bord de Sopra Group, après 12 jrs 59 mn41sec de mer, battant lui aussi le record de Laurent Bourgnon. Alors seulement, il a salué ses proches d’un signe de main.
Des galères et combats il ne dira rien, d’ailleurs ceux venus l’accueillir au ponton auront compris.
Comme d’autres avant lui, il a eu du mal à quitter son bateau. Il a rangé ses affaires et vérifié soigneusement l’amarrage de son trimaran et au directeur de course venu le féliciter avec des croissants et des pains au chocolat, il a simplement dit « merci, mais je ne peux pas accepter, il n’y en a pas pour tout le monde… ».