Florent Boilley

Un bosseur Florent Boilley. Encore à l’instant, je lui ai parlé au téléphone, il m’a donné des nouvelles de son travail. Il n’arrête pas. Dès qu’il peut, il peint. Sur toile et sur papier. À l’huile et à l’acrylique. Sur petit et grand format. Il a un drôle de parcours, Florent Boilley. Après un C.A.P. en carrosserie et sérigraphie, il découvre la peinture grâce à un ami. Il adore. Il voudrait connaître un peu mieux, il va à la bibliothèque et dans des expositions. C’est comme ça qu’il découvre l’art contemporain. Ça lui plaît beaucoup, alors il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Rouen. Il avoue ne pas avoir profité de ses années d’étudiant. Tandis que les autres sortaient ou traînaient dans les cafés, lui, travaillait. À l’École il fait, défait, recommence, approfondit. Il prend des risques, remet en question l’acquis : une certaine aisance dans la technique et la forme, de la facilité, une systématisation dans la composition des toiles, faites d’aplats et de recouvrements, de motifs colorés, et de mouvements spontanés.

Souvent la droite flirte avec la courbe. L’abstrait avec le figuratif. La peinture à l’huile, il la travaille quand elle est encore fraîche. Alors il la mélange, il la recouvre, il la rend lisse. L’œuvre, chez lui, mûrit longtemps. L’exécution après, est rapide. Ce qui ne l’empêche pas de la retravailler ensuite. Mais l’œuvre se construit dès le premier jet. Avant, il mêlait toutes sortes de formes, variait ses coloris. Aujourd’hui, il aspire à des figures plus épurées, à une certaine concentration. L’essentiel, pour lui, c’est le mouvement, libre, ample, qui se juxtapose à d’autres mouvements plus nerveux, plus ramassés. Dans ses dessins, il pose côte à côte les matières, et les superpose. La gouache, colorée, diluée, s’étend sur une première surface, que recouvre partiellement la mine de plomb, cassante et brillante. Ces deux matières, ces différentes formes, au lieu de disparaître par recouvrement, font ressortir chacune le dynamisme de l’autre. Dans la tension et dans la diversité. « Le premier geste se fait dans l’impulsion, dit l’artiste. La mine de plomb pose une structure. Le mouvement de la peinture est plus immature si on le compare à celui du crayon, plus réfléchi ». Depuis notre dernier rendez-vous, il y a peu de temps, Florent Boilley m’a annoncé qu’il avait encore beaucoup peint. De ses nouvelles toiles il est très content. Mais ceci est une autre histoire.