EMMANUEL ANDRÉ

EMMANUEL ANDRÉ

Rendez-vous à Sotteville-lès-Rouen, devant le FRAC Haute-Normandie. Emmanuel André est venu en voiture et sort de son coffre sa dernière œuvre : une sculpture en bronze. Nous restons à côté, il me montre son dossier avec des photos de travaux plus anciens et me parle de ses projets. À trente quatre ans, Emmanuel André n’a presque pas exposé et a réalisé peu d’œuvres : une série d’empreintes de lui- même sur plaques offset insolées à la lumière du jour, des lithographies jouant sur la répétition et la disparition d’une image, une sculpture, un moulage en plâtre d’un savon… Sorti des Beaux-Arts de Rouen en 1997, l’artiste s’est orienté différemment. Il a appris les techniques de PAO pour travailler en tant que graphiste indépendant. Il avoue ne pas avoir trouvé beaucoup de temps pour développer son activité artistique. Cependant Emmanuel André s’est toujours intéressé aux processus de fabrication, malgré l’irrégularité de son implication. Pierre lithographique (1999) est le parfait exemple de cette façon de faire : il réalise un moulage en bronze d’une pierre lithographique.

La sculpture se compose non seulement du moule de la pierre mais aussi de tout ce qui constitue les étapes de fabrication : coulures, barbes, armatures, chenaux et autres formes habituellement éliminées pour se rapprocher le plus possible de l’objet originel. L’artiste expose son propos en choisissant de reproduire un outil de reproduction (la pierre lithographique). Emmanuel André, dans la première et la seule sculpture qu’il ait réalisée, réunit à la fois une forme finalisée, son processus d’élaboration, et un référent de reproduction. C’est encore ce qui l’anime pour un projet en cours depuis quelques années qui consiste à collecter tous les petits rectangles colorés qui se trouvent sur les emballages et qui ressemblent à des cromalins. Emmanuel André les déchire, les scane pour les réunir dans une édition. Tels quels. Extraits de leur contexte, ces rectangles colorés sont détournés de leur utilisation habituelle. C’étaient des outils graphiques, ils versent dans le pur esthétisme. Ou dans l’art qui se trouve à un souffle de là.

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