Philippe Terrier-Hermann

Philippe Terrier-Hermann

Philippe Terrier-Hermann (né en 1969) vit et travaille à Paris. Diplômé de l’École Régionale des Beaux-Arts de Rouen, de l’ENSAV, Lacambre (Bruxelles), de la School of the Art Institute (Chicago) et de la Rijksakademie Van Beeldende Kunsten (Amsterdam). Expositions personnelles (sélection) Centre d’Art Contemporain de Castres ; Observatoire maison grégoire, Bruxelles 2004 : Galerie Poller, Francfort 2003 : « Paris Photo », Galerie Ludovic de Wavrin 2001 : « Intercontinental » Institut Français, Turin 2000 : « Intercontinental » CNP, Paris ; « Internationale » Pavillon Mies van der Rohe, Barcelone ; « Intercontinental 1996-2000 », Museum voor Fotografie, Anvers. Expositions collectives (sélection) Castel San Elmo, Naples 2004 : « Ne me touche pas » Villa Vauban, Musée de la Ville de Luxembourg ; « Pocess » Observatoire maison grégoire, Bruxelles 2003 : « Fables de l’identité » CNP, Paris ; « Made in Paris » Sidi Hammer Gallery, Londres ; « Sharjah International Biennal » Emirats Arabes Unis 2002 : « Tutto Normale » Villa Médicis, Rome « Confiture demain… » Centre d’art de Sète 2001 : « Endtroducing », Villa Arson, Nice. On ne sait pas très bien sur quel pied danser avec Philippe Terrier-Hermann. Ses photos, ses vidéos, ses sculptures, le mobilier, les vêtements, le parfum, tout cela il l’invente, le copie, le transforme ou le récupère. L’artiste présente à travers tous ces mediums, les mêmes images : celles d’un monde aseptisé, d’un monde où le luxe règne, ennuie ceux qui y vivent et fascine ceux qui en rêvent. Où se situe Terrier-Hermann ?

Peut-être ailleurs encore : dans une critique complaisante d’une société qui mêle l’envie, la lassitude, le dégoût, une société dans laquelle l’apparence et le pouvoir prévalent. C’est la forme – directement influencée par la publicité – qu’il récupère. Le discours il le produit. « Sur un angle purement créatif, mon travail est inintéressant, je ne cherche ni à innover, ni à trouver un style nouveau qui accroche, il n’y a rien d’outré chez moi, ni de caricatural… Je suis plutôt dans l’analyse et la reproduction d’un style déjà existant. » Pour cela, l’artiste a créé en 1996 une entreprise factice dont il est à la fois le président et l’employé. Deux ans avant, Fabrice Hybert créait UR-SARL –, société s’inscrivant parfaitement dans son système de production artistique, et permettant de développer celui qu’il voulait créer. À l’image de celle d’Hybert, l’entreprise de Terrier-Hermann (« Intercontinental ») ancre son travail dans une récupération critique, dans un monde où tout se joue (dans les deux sens du terme). Une vidéo l’illustre bien : Romans (2002), tournée pendant la résidence de l’artiste à la Villa Medicis à Rome, met en scène de jeunes « gravures de mode » italiennes que l’artiste fait parler d’amour. Terrier-Hermann juxtapose à ces images séduisantes, des sous-titres anglais en totale discordance : avec une soudaine violence, ils basculent les scènes d’amour dans le monde impitoyable de la finance. Chaque univers se trouve caricaturé par sa coexistence avec l’autre. Des photographies Internationales (c’est le titre de la série), présentent des architectures au design lisse. Tout est parfait, de la lumière aux habitants, de la couleur de la pelouse au mobilier… et pourtant rien ne colle, tout parait factice : les pierres (des « chinoiseries » réalisées par l’artiste) installées dans le décors, les habits (commandés ou designés par lui-même), le parfum qui porte son nom et qu’il a fait faire par un « nez », porté par les modèles. Où se situe l’artiste dans tout cela ? Parle-t-il de lui, ou d’une frange de la société qui vit dans une fiction permanente, comme dans une pièce de théâtre qu’il s’amuserait à mettre en scène ? Ou peut-être que, simplement, Philippe Terrier-Hermann récupère un système, des stratégies, pour élaborer les siennes.

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